LE CERISIER
Tu as quelques années à peine,
Tu joues, tu ris,
Tu me regardes et tu m'aimes.
Je t'aime aussi.
Je fleuris, je fleuris.
Voici pour toi l'adolescence,
Voici pour toi le mal d'aimer.
Tu baisses ton front têtu
Pour cacher tes larmes de rage,
Ton impuissance à t'évader.
Moi aussi je suis prisonnier.
Seule ma floraison s'évapore en nuages,
Pour atteindre le Zénith.
Tu ne me vois plus. Pourtant je t'aime
Et, malgré mon dépit
Je fleuris, je fleuris.
Tu plies ton linge à la fenêtre,
Tu cours partout tu t'épuises
A faire du Rien.
Pourtant, tu te sentirais bien
Si le miroir ne révélait d'indélébiles flétrissures.
Moi aussi, je porte blessures
Et pleure des larmes rouges tout l'été.
Regarde-moi : souris !
A chaque printemps je fleuris.
Tu ne regardes plus personne.
Tous tes printemps sont des automnes
Et tu laisses s'enfuir la vie monotone.
Moi aussi, vois-tu, je vieillis...
Et, pourtant je fleuris, je fleuris !